Débats des législateurs pour l’interdiction de vente des e-cigarettes aux mineurs

La cigarette électronique ou e-cigarette, qui délivre de la nicotine sous forme de vapeur aromatisée, et qui fonctionne grâce à l’alimentation d’une batterie comme les téléphones portables, a créé aujourd’hui une vraie tendance qui attire les consommateurs. Cette invention est destinée à l’usage des fumeurs qui souhaitent arrêter de subir tous les méfaits de la consommation de tabac, sans pour autant se priver de toutes les sensations de l’acte de fumer. Considérées comme des cigarettes « du futur », ces petits gadgets deviennent également de plus en plus populaires chez les adolescents, ce qui pourrait conduire les législateurs du Nebraska à envisager d’interdire la vente aux mineurs.

La Commission des Affaires Générales de l’Assemblée législative a débattu la question le 4 octobre dernier lors d’une audience d’étude provisoire, ce qui pourrait aboutir à une proposition législative à soumettre aux sessions de janvier 2014.

«Nous avons entendu beaucoup de gens qui se demandent pourquoi les e-cigarettes devraient être légales pour les moins de 18 ans alors que les cigarettes à tabac ne les sont pas », a déclaré le sénateur Russ Karpisek de Wilber, Président de la commission. «Ils contiennent encore de la nicotine mais je ne pense pas qu’il y ait eu suffisamment d’études pour savoir vraiment quels sont ses effets sur la santé à long terme », poursuit-il.

La Conférence nationale des législateurs de l’État a déclaré que plus de 35 propositions visant à réglementer les cigarettes électroniques ont été introduites l’année dernière. Il y a quelques semaines, les procureurs généraux de 40 États, sans compter la Nebraska, ont rédigé une lettre demandant à la FDA (Food and Drug Administration) de réglementer les cigarettes électroniques de la même façon que les produits du tabac. La lettre stipule que les marques d’e-cigarettes tentent de vendre ces nouveaux produits aux jeunes en les séduisant avec les saveurs de bonbons ou avec des arômes de fruits…

La FDA a annoncé qu’elle allait étendre sa juridiction sur les produits du tabac afin d’y inclure les e-cigarettes, mais elle n’a pas encore publié ses dispositions réglementaires.

La FDA a perdu deux batailles juridiques sur ses efforts visant à réglementer les cigarettes électroniques. En 2010, un tribunal fédéral a déclaré que la FDA pouvait réglementer ce produit comme des dispositifs d’administration de médicaments seulement si les fabricants les déclaraient comme un outil qui pourrait aider les fumeurs à arrêter de fumer ou comme des produits qui apportent des bienfaits pour la santé. La Cour d’appel du Circuit D.C. des États-Unis a confirmé plus tard cette décision.

Le mode de fonctionnement de la cigarette électronique est simple. Cet appareil utilise une batterie pour chauffer une solution de nicotine liquide, créant la vapeur que les utilisateurs inhalent. Certaines vont même jusqu’à ressembler aux vraies cigarettes avec une lumière LED à l’extrémité pour imiter la combustion d’une vraie cigarette.

« Je pense que ces produits sont probablement beaucoup plus sûrs que les cigarettes classiques, mais certains se demandent si les mineurs ne vont pas commencer avec les e-cigarettes, pour passer ensuite à de vraies cigarettes», a déclaré le sénateur Russ Karpisek de Wilber. « La question est de savoir si elles doivent être traitées de la même manière que les produits du tabac…Les études intermédiaires ne sont que des études », a-t-il dit. « Je pense que c’est un bon moyen de juger l’opinion et avec un peu de chance d’obtenir quelques faits avant d’introduire une vraie législation », ajoute-t-il.

Selon une récente déclaration des CDC (Centers for Disease Control and Prevention), le pourcentage des élèves du secondaire, c’est-à-dire les lycéens et les collégiens, qui utilisent les cigarettes électroniques aurait plus que doublé en une seule année, de 2011 à 2012.

Les résultats d’une enquête nationale sur le tabagisme chez les jeunes montrent que le pourcentage d’élèves du secondaire qui ont déclaré avoir déjà consommé une e-cigarette est passé de 4,7% en 2011 à 10 % en 2012. L’enquête a également révélé que le pourcentage des élèves du secondaire qui déclarent avoir eu recours à l’utilisation de l’e-cigarette dans les 30 derniers jours a augmenté de 1,5% à 2,8%. La situation est aussi la même dans les collèges. Au total, en 2012, plus de 1,78 million de collégiens ont essayé les cigarettes électroniques.

«L’augmentation de l’utilisation des e-cigarettes chez les adolescents est profondément troublant…La nicotine est une drogue hautement addictive. De nombreux adolescents commencent par les e-cigarettes et peuvent être condamnés à lutter contre une dépendance à vie à la nicotine des cigarettes traditionnelles », a déclaré le directeur des CDC, Tom Frieden.

L’étude a également révélé que plus de 76 % des élèves des collèges et lycées qui avaient utilisé l’e-cigarette dans les 30 derniers jours avaient fumé des cigarettes classiques durant la même période. En revanche, un collégien sur cinq parmi ceux qui ont déclaré avoir déjà utilisé une e-cigarette ont avoué qu’ils n’ont jamais essayé la cigarette classique auparavant. Cela soulève des inquiétudes sur le fait qu’il pourrait y avoir des jeunes, pour qui l’e-cigarette pourrait constituer une porte d’entrée vers la consommation de produits du tabac, tels que les cigarettes classiques.

Mitch Zeller, le directeur du Centre des produits du tabac de la FDA a déclaré que.ces données montraient également une augmentation spectaculaire de l’utilisation des e-cigarettes par les jeunes ce qui est selon lui, une source de grande préoccupation du fait que personne ne connaît vraiment encore les effets à long terme de l’utilisation d’un tel produit qui est nouveau. «Ces résultats renforcent les raisons pour lesquelles la FDA a l’intention d’étendre son autorité sur tous les produits du tabac et d’établir un cadre réglementaire complet et approprié afin de réduire les maladies et la mort liées à l’usage du tabac. », explique-t-il.

Personne ne peut affirmer l’innocuité ou l’efficacité de l’e-cigarette. Ce n’est peut être pas un remède miracle pour arrêter de fumer mais comme l’estime le professeur Bertrand Dautzenberg, qui n’est autre que le président de l’Office français de prévention du tabagisme, dans un chat sur LeMonde.fr : « Fumer, c’est un peu prendre l’autoroute à contresens, vapoter, c’est rouler à 140 km/h au lieu de 130 km/h »

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