La cigarette électronique au cÅ“ur d’un conflit d’intérêts  ?

La cigarette électronique a déjà gagné le cÅ“ur d’un très grand nombre de fumeurs en France mais elle suscite également une polémique énorme. Actuellement, le statut de ce produit novateur n’est pas encore déterminé. La cigarette électronique n’est pas reconnue comme un moyen de sevrage tabagique par les autorités sanitaires en France alors que dans certains pays, le dispositif est considéré officiellement, en tant que médicament. C’est par exemple le cas au Royaume-Uni. En France, aucun produit n’a fait l’objet d’une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché)

En 2012, les résultats d’une enquête réalisée par l’Office Français de Prévention du Tabagisme (OFT) avaient démontré que la plupart des officines en France ne respectaient pas l’interdiction de vente de cigarettes électroniques. L’enquête en question a permis de savoir que 36% des officines françaises pratiquaient la vente des e-cigarettes. Parmi ces pharmacies devenues également e-cigarettiers, 33% proposent au moins une marque et 3% distribuent en moyenne deux marques différentes de produits.

Rappelons également que l’ANSM, ex- AFSSAPS, a interdit la commercialisation du produit dans les pharmacies sauf si celles-ci avaient un espace parapharmacie. Ne figurant pas dans la liste des dont la vente est autorisée dans les pharmacies, ces officines enfreignaient donc l’article L5125-24 du Code de la santé publique.

Ce commerce a d’ailleurs été déclaré d’ »inégal » par l’Ordre national des pharmaciens, dans son communiqué du mois de juin. Cet organisme a dénoncé le fait que les officines « semblent avoir oublié leur mission de service public et jettent le discrédit sur toute la profession ».

Si cette vente illégale continue, ce serait parce que les recommandations de l’ANSM ne seraient pas assez strictes. En outre, avec la situation de la cigarette électronique qui devient encore de plus en plus incertaine, l’industrie pharmaceutique continue dans cette voie et profite de ce flou en souhaitant que ce commerce fructueux lui soit entièrement réservé dans un avenir proche.

Selon certaines rumeurs, Madame Marisol Touraine, la Ministre de la santé ainsi que le professeur Bertrand Dautzenberg auraient des liens d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique.

Face à sa décision sur l’interdiction de la cigarette électronique dans les lieux publics, on soupçonne que la Ministre ainsi que le président de l’OFT auraient des intérêts communs avec les grands groupes pharmaceutiques. Rappelons qu’il s’agit d’une décision qui a été fortement contestée par la communauté des vapoteurs et de nombreux scientifiques. Citons parmi ces experts réfractaires à ce projet de loi, le pionnier de la tabacologie Robert Molimard , Jacques Le Houezec, ainsi que Gérard Mathern et Jean-François Etter, deux experts scientifiques ayant même participé à l’établissement du rapport qui a été commandé par la Ministre. Ces derniers ont d’ailleurs refusé de le signer.

Selon ses propos, la Ministre déclare que cette décision a été prise dans le seul et unique but de privilégier l’intérêt de la santé publique, vu que la cigarette électronique devient de plus en plus populaire alors que ses effets sur la santé restent encore à étudier.

Mais les observateurs pensent que cette décision est loin d’être neutre. Il y a d’abord le fait que Madame Marisol Touraine faisait auparavant partie du Club Avenir de la santé, un groupe de pression dont le principal financeur n’est autre que le laboratoire GlaxoSmithKline…le laboratoire qui s’occupe de la fabrication et de la promotion de la vente des patchs à la nicotine de la marque Niquitin.

Ceux qui protestent contre le projet de loi de la Ministre tiennent aussi à rappeler que la Ministre de la santé avait pris auparavant la partie de Novartis dans le litige qui l’opposait au laboratoire Roche en prenant une mesure en faveur de ce dernier. Novartis l’a évidement emporté sur le laboratoire Roche et a obtenu le monopole de la vente du fameux DMLA ( dégénérescence maculaire liée à l’âge), un produit destiné au traitement d’une maladie de la rétine. Et pourtant, le laboratoire Roche proposait exactement les mêmes produits mais à un prix encore plus abordable, voire huit fois moins élevé que celui de Novartis.

En ce qui concerne le professeur, Président de l’OFT et expert en pneumologie, Bertrand Dautzenberg, c’est lui qui a eu l’idée de préconiser l’interdiction de l’utilisation de la cigarette électronique dans les lieux publics, alors qu’il affirme en même temps dans le rapport le fait que ce produit est vraiment moins nocif que le tabac. On soupçonne encore plus ce dernier d’entretenir un une relation d’intérêts avec les grands groupes pharmaceutiques.

Là encore, ceux qui protestent contre cette recommandation dénonce que le professeur Dautzenberg possède une face cachée. Ils rappellent que ce dernier était autrefois le rédacteur en chef de la revue « Sevrage-tabagique-pratique », une revue trimestrielle dédiée aux professionnels de la santé dont l’unique annonceur n’est autre qu’une grande marque de pastilles utilisée pour le servage tabagique. Il s’agit de Nicorette de Pfizer. Le professeur participe également à de nombreux congrès organisés par de nombreuses sociétés pharmaceutiques américaines ou françaises telles que GSK, Novartis Santé Familiale ou encore Pierre Fabre Santé…Ainsi, ce ne serait pas faux de dire que le pneumologue agirait au profit des médicaments de sevrage tabagiques avec ses recommandations sur les e-cigarettes. « Dans l’état actuel des connaissances, la vitesse d’apparition de la nicotine dans le sang obtenue avec l’e-cigarette est intermédiaire entre celle obtenue avec des cigarettes de tabac et celle obtenue avec les substituts nicotiniques oraux actuellement disponibles », cette phrase qu’il a écrit dans le rapport équivaudrait déjà à une publicité comparative…

« Un bon expert sans lien d’intérêts, ça n’existe pas ! Car s’il est bon, il sera amené à travailler à la mise au point de nouveaux traitements et, donc, de réaliser des essais pour l’industrie pharmaceutique. Dans mon cas par exemple, j’ai clairement des liens avec la totalité des industriels qui proposent des substituts nicotiniques. Du coup, je n’ai aucune raison de privilégier l’un ou l’autre, je pense même que j’exploite les labos davantage qu’ils ne m’exploitent !», ce sont d’ailleurs les allocutions du même Professeur lors de son interview à l’Express, il y a tout juste quelques mois de cela…

Ces faits, fondés ou non, révèlent à quel point le système actuel manque de contrôle vis-à-vis des liens des chercheurs avec l’industrie pharmaceutique…Eviter les conflits d’intérêts avant toute chose serait une bonne initiative de la part de l’état avant de se prononcer sur l’avenir d’un produit qui est apparemment bénéfique pour une grande partie de la population de fumeurs et de prendre un peu à la hâte des décisions qui pourraient au contraire nuire aux réels intérêts la santé publique.

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